dewit Membre actif

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Posté le: Dim Avr 05, 2020 9:09 am Sujet du message: Un bel article du journal Le Monde paru en 2016 |
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Salut a tous,
un bel article paru dans Le Monde en 2016
Bonne lecture.
Le Journal Le Monde a écrit: |
La revanche du « piano du pauvre », redevenu « boîte à frissons »
Pour la deuxième fois de leur histoire, Les Nuits de Fourvière célèbrent l’accordéon pendant toute une soirée. Après Marc Perrone et ses invités en 2006, la Nuit des accordéons du monde fera « un focus sur un instrument qui a toujours une image un peu “difficile” dans le grand public : les flonflons, le bal musette… », constate Philippe Krümm, rédact La eur en chef du mensuel Accordéon & accordéonistes.
C’est lui qui a conçu le programme de la soirée : « L’accordéon traîne encore cette image désuète. Pas chez les plus jeunes. Eux n’ont aucune idée de qui sont Yvette Horner, André Verchuren, Aimable… Ils ont vu l’accordéon avec Mickey 3D, le swing manouche à droite à gauche, Fixi… Pour les moins de 20 ans, c’est un instrument “normal”, au même titre que la guitare. En revanche, pour cette génération, il y a une méconnaissance totale de l’instrument, entré en 2000 dans les conservatoires – notamment au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris – en même temps que les musiques traditionnelles, et qu’on entend jouer dans plus de 5 000 bals en France chaque week-end, d’après une estimation de la Sacem. »
Mosaïque de cultures
Le quintet Samurai, cinq virtuoses créatifs du diatonique (le petit accordéon bisonore dont les touches émettent des sons différents selon que le soufflet est poussé ou étiré), incarne l’universalité de cet instrument, en réunissant deux Italiens (Riccardo Tesi et Simone Bottasso), un Basque espagnol (Kepa Junkera), un Finlandais (Markku Lepistö) et un Irlandais (David Munnelly). L’accordéon est présent dans le monde entier, sous différents noms ou surnoms : « piano à bretelles », « piano du pauvre », « boîte à frissons », « branle-poumons », « boîte à chagrin », « râlé-poussé », « squeeze box », « soufflet à punaises », « dépliant », « boîte du diable »…
C’est un instrument qui ne favorise pas toujours l’admiration des filles, parole d’accordéoniste. René Lacaille, figure notoire de la musique réunionnaise, se remémore quelques déconvenues, à l’époque où les guitares électriques, le twist et les Shadows ont déboulé, dans les années 1960. Fini, terminé, muselé, le roi de la guinche, dont lui jouait depuis toujours, avec ses frères et son père, peut-être pas depuis sa naissance (1946), mais en tout cas, pas loin : « Quand tu prenais un accordéon, pendant le bal, tout d’un coup, t’étais sifflé, le dernier des ringards, la risée des filles. »
Fiesta avec Lacaille
Lacaille a compris où était son salut. Il a bifurqué vers la guitare. Puis il a changé d’avis, voyant « les gens tout miel devant Higelin, au Printemps de Bourges, quand celui-ci empoignait un accordéon ». C’était il y a une quinzaine d’années. Installé en métropole depuis 1979, où il vit toujours, il découvrait alors, en première partie d’Higelin, Danyel Waro, future star internationale du maloya, le blues ternaire de La Réunion. Un choc. Une radicale reconnexion avec ses racines, se souvient le chanteur-accordéoniste à qui Les Nuits de Fourvière confient la clôture de la soirée. Après le feu d’artifice, 14-Juillet oblige, on va danser ! Parole de René !
Toujours ringard, l’accordéon ? « Non, c’est fini, cette image dévalorisante, assure Lacaille. Il y a des tas de groupes qui ont rectifié le tir, revalorisé l’instrument. » Entre autres, Gérard Blanchard, Java, Au Petit Bonheur. Puis Renaud, Francis Cabrel, les Têtes raides, les Négresses vertes, Sanseverino ou Benjamin Biolay, programmé à Fourvière et qui s’est entiché du bandonéon, l’accordéon du tango. Sans compter ceux qui ont amené l’accordéon vers le jazz, la musique classique, vers tous les possibles : Francis Varis, Vincent Peirani, Lionel Suarez, Marc Berthoumieux, René Joly, Michel Macias, Daniel Mille et, bien sûr, Richard Galliano.
Galliano, l’homme du renouveau
« De toute évidence, Richard a beaucoup fait changer les mentalités, même si, avant lui, il y avait des gens qui, sans le savoir, ont rendu service à l’accordéon, observe Daniel Mille. A un moment donné, certains accordéonistes tournaient en rond ou se cherchaient, et je pense que Richard a apporté “la” réponse. Il n’y aurait pas eu Daniel Mille s’il n’y avait pas eu Galliano. »
L’accordéon, on le tient dans ses bras, « et ce n’est pas anodin », conclut le musicien : « Il est plaqué contre la poitrine, on le sent respirer. C’est un instrument à vie. » Le soufflet ? « Un outil incroyable pour l’expression d’une palette de nuances fantastique. L’accordéon a un son qui me touche. Et j’aime cette idée que c’est un instrument du peuple, populaire partout à travers le monde. » « Dans le sillage des anches libres, les émotions tissent leur fibre », dit Pierre Barouh, dans un texte (coécrit avec Allain Leprest) pour Le Funambule, un album de Daniel Mille, paru en 1999 chez Saravah.
Patrick Labesse |
_________________ Musette is not dead, it just smells a bit funny |
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