SwingJO

[dewit]

La question peut certes paraitre un peu simplette, mais recèle toutefois de véritables interrogations.
Quel est selon vous la meilleure façon d'apprendre à jouer un nouveau morceau dont vous venez de recevoir par un ami sympathique du forum Swingjo une partition :
. recommandez vous de vous concentrer d'abord sur la main droite jusqu'à une pleine maitrise. Puis séparément la main gauche.
Et de jouer simultanément MD et MG qu'une fosi les deux mains indépendament maitrisées ?
. ou de jouer lentement mais surement MD et MG en même temps ?
. Et ensuite recommandez vous d'apprendre groupe de mesure par groupe de mesure ou plutot tout d'un coup ?
Enfin plein de questions primordiales pour lesquelles j'attends vos conseils avec impatience
Accordialement,
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Musette is not dead, it just smells a bit funny

[Max MARCILLY]

Salut Dewit,

Loin d'être "simplItte", ton intérogation est au contraire tout à fait primordiale. Je peux toujours te donner quelques pistes, ensuite à chacun de voir selon ses propres difficultées, ses facilitées et bien sûr sa façon d'organiser son travail.

Je pense que le mieux est de procéder en dissociant les problèmes Donc main séparées et par fraguements.

Mais tout d'abord, lorsque tu abordes la partition, je te propose un petit boulot sur table, c'est à dire sans instrument. Cela t'évitera d'avancer dans le noir, de déchiffrer des notes sans savoir où tu es, d'où tu viens et où tu vas. Comprendre comment sont faites les choses, cela aide beaucoup à la mémorisation. Dis toi bien que même si pour l'instant tu ne joues pas forcément tes morceaux par coeur, il y a de toutes façons une partie des choses que tu as besoin de mémoriser et ceci même si tu garde la partition sous le nez pour jouer.

Pour commencer repères les barres de reprises et cherch à trouver la (forme générale) du morceau. Par exemple si c'est une chanson, il y aura un couplet et un refrein, si c'est une valse de Jo, il y aura trois parties, il peut y avoir au début du morceau une introduction... etc... Avec un peu d'habitude tu finiras par retrouvé tout cela sans difficulté, du coup tu as dès le départ un plan générale du morceau. On ne croirait pas que ce soit très util dit comme cela, mais ça fait partie des détails qui vont t'aider à (t'orienter) et à organiser ton boulot.

Ensuite tu peux essayer de repérer toutes les répétitions, cela peut être de long fraguements de plusieur mesures mais parfois une mesure ou un fraguement de mesures qui est répété plusieurs fois de suite. ça n'a l'air de rien, mais je vois souvent des musiciens un peu génés par le solfège et qui déchiffrent note à note, ne pas se rendre compte qu'un pasage est répété. Alors ils déchiffrent une première fois un fraguement, le mettent en place, puis s'attaquent à la suite. Si le fraguement suivant ressemble à quelques notes près à ce que tu viens d'apprendre, c'est mieux de s'en appercevoir tout de suite, plutôt que de mettre le nez dans le guidon de reprendre le déchiffrage note à note et de se rendre compte beaucoup plus tard après bien des efforts qu'on vient de refaire la même chose. Il faut savoir qu'en musique il y a beaucoup de répétitions même si souvent elles sont partielles.

Pour cela pas besoin de comparer la partition note à note. Il faut la survoler, en essayant de comparer le dessein générale de la mélodie. Avec un peu d'habitude ce repèrage te fera gagner du temps.

Un exemple de répétition sur une mélodie connue :

j'ai du bon tabac,
dans ma tabatiè-re,
j'ai du bon tabac,
tu n'en auras pas.

(do ré mi do ré, ré mi fa) fa mi mi,
(do ré mi do ré, ré mi fa) sol do.

Remarques bien que la répétition des paroles (j'ai du bon tabac) ne coïncide pas tout à fait avec la répétition de la mélodie que j'ai matérialisée par des guillemets.

(j'ai du bon tabac, dans ma ta) batiè-re,
(j'ai du bon tabac, tu n'en au) ras pas.

Dans ce dernier exemple j'ai placé les parenthèses de façon à montrer par rapport au texte, où se trouve la répétition de la mélodie pour mettre ce que je disais en évidence.


Si tu n'es pas à l'aise avec le rythme, ou la lecture de notes, tu peux aussi commencer par un déchiffrage sur table jusqu'à ce que cela aille sans problème. Si besoin d'abord le nom des notes, puis solfier le rythme et puis pourquoi pas chanter la partition (notes et rythmes). Bien sûr, cela me paraît une bonne idée d'utiliser un métronome. Si tu te mélanges les pinceaux dans un rythme, ce machin est sans pitié et du coup tu te rends très vite compte qu'il y a un souci.
Là aussi essayes de repèrer les répétitions. Il arrive que des morceaux soient en partie construit sur une formule rythmique qui sera répétée régulièrement ou même souvent, et pas forcément avec la même mélodie. Si tu repères ce genre de formule rythmique, il suffit de la décortiquer une bonne fois pour toutes ensuite, lorsque ce rythme réapparaît dans le morceau, si tu le reconnais directement c'est autant d'efforts gagnés.
Exemple de répétition rythmique :
Dans Blue Monk de Telonius Monk, le rythme des mesures 1 et 2 est le même que celui des mesures 5 et 6. Le rythme est le même mais les notes sont différentes. Si le rythme de la mesure 1 et 2 t'avais posé un problème de mise en place, ce serait domage de butter un peu plus loin sur la même difficulté , alors que tu viens déjà de passer du temps à résoudre le même problème deux mesures plus tôt.


Autre chose, en vrac. Repères l'armure du morceau et au besoin aides toi d'un bouquin de solfège pour déterminer la tonalité. La tonalité du morceau étant établie, tu peux avant de commencer à déchiffrer sur l'instrument, bosser la gamme correspondante . C'est un travail qui peux être très bénéfique et ceci sur plusieurs points.

Imaginons que tu souhaites jouer un morceau en la bémol majeur, donc quatre bémols à la clef. Je prend exprès une tonalité pas trop fréquente. Le fait d'avoir travaillé ta gamme de la bémol majeur va te permettre d'avoir cette tonalité dans les doigts. C'est un petit peu comme un parcours que tu repères d'abord sur une carte pour être sûr de la faire sans te tromper à tout bout de champ. Si tu connaîs cette gamme de la bémol tu sais, dans tes doigts, où se trouvent le sib, le mib, le réb, et le lab qui sont à la clef. Ton déchiffrage deviendra beaucoup moins hasardeux. Comprends bien que si un morceau est écrit en la bémol, mises à part les altérations accidentelles, toutes les notes font parties de la gamme de la bémol. mais si tu ne connais pas cette gamme tu perds un temps dingue. De plus si dans un passage de ce morceau tu vois par exemple une montée, (lab sib do réb), tu te dis "ahtiens c'est un bout de ma gamme de lab", et hop c'est toujours ça de moins à doigter.

S'il y a un changement d'armure dans le morceau que tu travailles, cela correspondra souvent à une partie distincte de ce morceau, un refrein, au trio d'une valse. refais à nouveau cette recherche, pour établir la tonalité de ce passage, travaille la gamme qui va avec et roulez ! C'est un petit investissement à faire au départ, mais tu vas très vite rentrer dans tes fraies.

Sinon pour en revenir au début du message, le mieux est de travailler par fraguements, plus ou moins long selon la difficulté du morceau. Essayes que tes fraguements soient logiques et correspondent au découpage et aux respirations du morceaux. Dans le cas d'une chanson, tu peux découper ton couplet en plusieurs fraguements, travailler chaques fraguements main séparées, puis travailler tout le couplet toujours mains séparées. Quand c'est OK, tu reprends ton premier découpage par fraguements et tu commences à mettre les deux mains ensembles et tu travailles ensuite l'enchaînement du tout. Et tu fais ensuite la même chose pour ton refrein.

Evidemment ce que je dis ne vaut que si le morceau que tu veux jouer te pose problème. Si tu te rends compte que c'est facile pour toi, tu peux alléger tout ça ! Ce ne sont bien sûr que des pistes de travail.


Enfin, comme je suis très branché culture aurale, je pense que c'est une bonne chose d'utiliser un enregistrement du morceau que tu souhaite travailler, tu peux aussi l'écouter en suivant sur la partition pour faire le travail sur table dont je parlais au début. Au départ cela t'aideras peut être à trouver sur la partition où se trouvent les couplets les refreins ou les différentes parties. Et puis cela te met l'air et le rythme dans l'oreille. Cela t'aideras aussi à te situer dans ton travail, savoir où tu es, d'où tu viens, où tu vas.


Bon, je sais que beaucoup de profs qui ont une touche de classique dans leur culture trouveraient ce dernier paragraphe presque scandaleux, enfin ceci dit on ne fait pas tous de la musique juste pour le plaisir de décrocher des diplômes de concervatoire. Plus tu feras travailler ton oreille, plus tu auras de facilité pour aborder de nouveaux morceaux. Plus j'avance et plus je pense qu'on ne fait vraiment bien que ce qu'on entend bien.

Récapitulons. Tu commence à travailler un morceau. Tu peux avoir du mal à déchiffrer par exmpemle les notes sur les lignes supplémentaires, tu peux avoir du mal à jouer le bon rythme, à trouver les notes altérées de la main droite, à faire cp... de saut à la main gauche entre fa maj et mi7 à la mesure 7, à jouer le rythme de la main droite en gardant la main gauche en place... En plus tu n'as pas vu les répétitions et tu t'es tappé trois fois de suite le déchiffrage d'un passage identique... Grrr !!!! Ce topo catastrophiste était juste pour expliquer pourquoi il y a tant d'étappes dans la manière de procéder que je propose. Tout cela n'est pas du temps perdu, c'est une façon de dissocier les difficultées, donc de rendre les choses plus claires et de résoudre chaques problèmes à son tour. Ceci dit, au début tu risques bien de perdre du temps, mais très vite certaines choses te sauteront aux yeux dès que tu ouvrira une partition.

Amicalement MAX
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! Stage accordéon et jazz manouche - 26 et 27 Septembre 2010 !

Les Misters de Paris, quartet de swing manouche avec accordéon

[Pasque]

Super encore un sujet intéressant avec comme d'habitude une réponse précise, argumentée, imagée de Max.

Merci pour tes explications Max

[dewit]

Précis, illiustré, didactique, sympathique, vivant : c'est autant riche que passionant et éclairant.
A montrer dans toutes les écoles d'accordéon.
En tous cas un sincère, enjoué et chaleureux merci pour cet éclairage.
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