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Une interview de Pierre Madelaine, facteur d'accordéons

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    SwingJO Index du Forum -> Charlan GONSETH (1942-2017) ses entretiens
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charlan
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Inscrit le: 22 Jan 2009
Messages: 1505
Localisation: La Chaux-de-Fonds (Suisse)

MessagePosté le: Sam Déc 17, 2011 2:47 pm    Sujet du message: Une interview de Pierre Madelaine, facteur d'accordéons Répondre en citant

Bonjour les amis !

Là, ça va être un peu technique, un peu long et peut-être un peu difficile à comprendre…
Excusez-moi !

J’avais, en 1992, fait une émission avec Pierre Madelaine, facteur d’accordéons à Payerne CH.



(Entretien réalisé dans l’atelier de Pierre Madelaine à Payerne)


C - Mon accordéon bleu a besoin d’une petite réparation. Je suis donc aujourd’hui dans le magasin, dans l’atelier plutôt de M. Pierre Madelaine, Rue de la Gare 17 à Payerne. Pierre Madelaine est en train de “ désosser ” mon instrument et je vais m’approcher de lui pour lui poser quelques questions.
Facteur d’accordéons, M. Madelaine, ça existe ? Vous êtes facteur d’accordéons ?

PM - Tout à fait, ça existe. J’ai passé quatre années de ma jeunesse dans une fabrique d’accordéons à Tulle, en Corrèze où j’ai appris. Et j’ai été un des derniers à apprendre le métier complet de facteur d’accordéons.

Et vous avez encore un autre métier. Vous réparez les instruments...

C’est-à-dire que j’ai aussi fait, à la suite de mon apprentissage de facteur d’accordéons, le métier de facteur de pianos. Parce qu’à l’époque, on pensait que le métier de facteur d’accordéons était en perdition et il fallait bien faire quelque chose d’autre dans la musique.

Actuellement, vous réparez n’importe quelle marque d’accordéons, dans votre commerce, dans votre magasin ?

Tout à fait, je suis amené à réparer des marques très différentes, des modèles anciens aux modèles les plus récents et le problème le plus difficile qu’on rencontre, c’est de trouver les pièces détachées pour toutes ces marques.

Justement pour ces très vieux instruments que je vois de temps en temps chez vous, vous devez bricoler vous-même ces pièces détachées ou est-ce que vous en trouvez quand même ?

Alors, en principe je réfute le terme de “ bricolage ” parce que...

... ha, ha, ha, excusez-moi...

... quand on est du métier, on ne bricole pas. Mais, disons qu’il faut fabriquer très souvent une nouvelle pièce, la concevoir, voire aussi modifier une partie de la mécanique ou du mécanisme quand il n’est pas possible d’intégrer une nouvelle pièce dans un instrument. Il s’agit alors de restauration d’instruments anciens et non plus de réparation. Donc c’est un travail différent puisqu'on reprend le travail depuis la base.

Dites-nous ce que vous allez faire à mon accordéon.

Alors, votre accordéon a besoin d’une petite révision. C’est-à-dire que certaines notes ont été déstabilisées soit par la poussière, soit par les différences de température. La note varie parce que, par exemple, vous pouvez avoir la peau qui travaille et qui n’a plus son élasticité. Ou bien la lame qui est chargée par la nicotine et la poussière qui se déposent sur les notes qui sont le plus utilisées et que l’on “ récolte ” dans les soirées. Alors il faut nettoyer ces lames et il faut remplacer les peaux qui sont défaillantes. Ensuite, je vais contrôler l’accordage et le retoucher dans l’instrument.

Je crois qu’un fa dièse n’est plus juste.

Voilà, ici, nous avons un fa dièse défaillant. Là, c’est une peau qui est défaillante..., là aussi... Ensuite, dans les aiguës, il faut contrôler l’ouverture des lames parce que c’est elle qui a varié. Parce que dans les dernières notes, ici, il n’y a plus de peaux pour étouffer le son. Les lames sont trop petites et elles manqueraient d’air, donc elles ne pourraient pas attaquer. Et là, il y a une lame, justement, qui est trop ouverte, elle souffle. Alors, maintenant, je vais sortir les sommiers un à un, les passer sur ma machine. C’est une machine que j’ai dû fabriquer parce que, naturellement, il n’existe pas de matériel pour ce genre de réparation. Les fabricants ont chacun leur système et puis, pour la réparation, le système utilisé en fabrique serait beaucoup trop lourd, beaucoup trop encombrant. Ce qui fait que j’ai construit une machine compacte...

... La machine à pédale...

... voilà ! Sur la base d’un soufflet et avec des glissières qui me permettent de poser le sommier. Je fais défiler les lames les unes après les autres, côté après côté. Je vais d’abord faire défiler le côté de la voix flûte pour contrôler sur table les lames et les peaux qui ont quelque chose. Je pourrai ensuite les changer. Vous voyez, là, voilà une peau qui ne part pas à l’intérieur. Il faut enlever la plaquette et changer la peau qui est à l’intérieur. Comme vous le voyez, les outils que j’utilise sont aussi des outils de ma fabrication parce qu’on n’en trouve pas dans le commerce.
Alors, sur le Maugein, vous avez les plaquettes qui sont clouées sur un lit de liège aggloméré, ce qui donne une meilleure résonance à la plaquette et à la lame. C’est-à-dire que l’ensemble vibre mieux et les sommiers, que certains appellent les “ châteaux ”, sont en bois massif, en bois de charme, du vernier exactement. En Corrèze, on appelle ce bois le vernier. Maintenant, je vais ressortir cette lame et je la pose sur la machine. Alors, je peux constater que la peau n’a plus son élasticité d’origine. Elle ne réagit plus normalement...

Elle a un peu séché, il semble...

Voilà, elle a séché et le ressort, qui est dessus, est un petit peu trop rigide. Alors, je vais remettre une peau. Alors là, le grand problème c’est de trouver des peaux de qualité. Parce qu’on ne les trouve guère que sur le marché italien. Il y a plusieurs paramètres. Il y a l’élasticité de la peau. Il faut que ce soit une peau de chevreau qui ne soit pas trop lisse au niveau du tannage à l’extérieur, qui soit bien veloutée à l’intérieur de façon à ce qu’elle assure une étanchéité par son propre poids au moment où l’air la compresse sur la plaquette. Et qu’elle soit coupée dans le bon sens de façon à ce qu’elle ait l’élasticité dans le sens de la longueur, voyez... Il faut qu’elle fasse ressort. Maintenant, si je tire sur cette peau, on voit très bien qu’elle réagit en long.

Oui, c’est très technique, pour les auditeurs qui n’ont forcément pas l’image, ça ne va pas être facile à comprendre.
Pierre Madelaine, est-ce qu’il vous arrive de construire des accordéons ?

Non, parce que ça coûterait beaucoup trop cher. Ce serait faisable, mais trop cher. Le problème est là. Et ça nécessite aussi une infrastructure d’appareils, de machines et de locaux qu’il faut rentabiliser. Et le marché de l’accordéon est tel actuellement que ce n’est pas pensable. Alors je préfère apporter ma technique et mon savoir-faire à des fabricants ou à un fabricant. Je préfère collaborer avec un fabricant pour que les instruments soient faits comme on a envie de les avoir. C’est ce que je fais avec la maison Maugein. Ceci nous permet d’avoir des instruments conformes au besoin, au désir de la clientèle en Suisse. Ce sont des instruments avec les cinq rangées au chant, les septièmes diminuées à la main gauche, des instruments le plus compact possible et avec lesquels on a du plaisir à jouer debout ou assis, avec le moins de fatigue possible et avec la meilleure puissance possible.

Je vois que vos ouvriers sont en train de souder toute une série de petits fils. Qu’est-ce qu’ils font ?

Ils sont en train de mettre au point les plaquettes MIDI qui vont être intégrées dans des accordéons. Nous fabriquons, depuis maintenant huit ans, des systèmes MIDI que nous avons développés nous-mêmes. Je suis l’inventeur du système MIDI sur accordéon. J’avais présenté, en 1984, des prototypes au Salon de la Musique à Lausanne. Ces prototypes équipaient, donc, déjà des accordéons Maugein, puisque je suis importateur des accordéons Maugein.

Pierre Madelaine, depuis quelque temps, je vois que vous construisez, dans votre atelier, un drôle d'instrument. Il s'agit d’un clavier d’accordéon au bout d’un manche de guitare.

Oui, si on veut. C’est un clavier “ Dynamidi ”. “ Dynamidi ” parce que c’est un système avec le MIDI dynamique entièrement conçu et fabriqué par nous. Nous avons dû nous entourer d’ingénieurs, naturellement, pour pouvoir développer le “ soft ”, c’est-à-dire, le système d’électronique qui nous permet de faire la commutation en MIDI. Et nous travaillons depuis huit ans avec un ingénieur électronicien qui a fait sa thèse sur le système MIDI. Nous étions, avec ça, les premiers à fabriquer du MIDI en Europe.

Donc, le MIDI, pour nos auditeurs, c’est un accordéon qui devient un instrument électronique.

Ce n’est pas tout à fait ça. Le MIDI est le système qui permet de communiquer entre les instruments électroniques actuels. C’est-à-dire qu’avec un accordéon équipé MIDI, dans lequel on a installé une interface MIDI, un système de lecture MIDI, nous pouvons jouer sur tous les systèmes de claviers existants actuellement, ou sur les modules de synthétiseurs, ou sur les synthétiseurs professionnels...

... voilà, avec une simple prise...

... avec une simple prise. C’est-à-dire que l’accordéoniste, alors, a un large champ de possibilités, celles qu’on a avec n’importe quel clavier électronique de la nouvelle génération. En plus de ça nos claviers guitare-MIDI sont des claviers à 5 octaves main droite qui permettent de couvrir toute l’étendue MIDI de l’électronique actuelle, avec des systèmes de mémoires, des possibilités de pilotage à distance sans que le musicien soit obligé de toucher les synthétiseurs ou les modules. On peut directement mémoriser dans nos claviers et ça donne toute la liberté au musicien de jouer et d’être dynamique sur la scène. C’est le but recherché avec nos instruments. Nous voulons que l’instrumentiste, le musicien puisse être dynamique sur la scène. C’est une chose qui me semble très importante...

Vous vendez des instruments, vous réparez des accordéons, vous fabriquez aussi de drôles d’instruments, et à part ça ?

A part ça, il y a beaucoup d’activités qui tournent toujours autour de la musique. C’est-à-dire que, chez nous, nous faisons aussi l’enseignement sur les instruments électroniques. Nous formons des techniciens pour le montage des instruments MIDI. Des techniciens viennent de l’étranger, souvent, pour apprendre à monter nos systèmes MIDI dans les accordéons de toutes marques.
Nous avons fabriqué pendant de nombreuses années, et en exclusivité pour les accordéons Maugein, et nous avons fait des prototypes pour de nombreux fabricants, des prototypes de claviers style guitare, d’interfaçage MIDI pour des accordéons, pour des pianos, pour des orgues de barbarie, pour tout autre instrument. Nous avons donc un éventail très large et je pense que les systèmes que nous développons ont encore un bel avenir puisqu’on nous demande de plus en plus d’équiper de nouveaux instruments.
Nous fabriquons aussi des instruments sur mesure, pour des gens souffrant de quelque handicap que la vie, malheureusement, amène, Nous avons été en mesure de fabriquer, par exemple, des instruments pour des gens qui ne jouent plus que d’une main. Ou, par exemple, des amoureux de l’accordéon et qui ont perdu l’usage de la main gauche. Nous avons fabriqué un accordéon avec seulement la main droite en MIDI, avec un pédalier de basses branché sur l’accordéon.

… Formidable... Et vous-même, vous êtes musicien, vous vous produisez en public ?

En public, une fois par année peut-être parce que je n’ai pas le temps de me produire davantage. Il faut être logique. Quand on se produit en public, il faut faire un travail correct. Il faut avoir du temps pour travailler les morceaux, pour renouveler son répertoire. Je joue uniquement pour des amis, en soirée, le 31 décembre. C’est tout.

Vous avez dû, dans votre carrière, côtoyer, rencontrer pas mal d’accordéonistes célèbres...

Oui, j’ai rencontré beaucoup d’accordéonistes, notamment à l’époque où j’étais apprenti à Tulle. J’ai été amené à côtoyer de grands accordéonistes qui ne jouaient d’ailleurs pas toujours sur la marque dans laquelle je travaillais. Il y a eu Tony Muréna, Bazin. Il y avait des anciens, Duleu, Astier qui étaient vraiment de très grands noms dans le monde de l’accordéon. Et il y a maintenant des gens comme Daniel Colin, Marcel Azzola avec lesquels j’ai beaucoup de plaisir à discuter. Il m’est arrivé souvent de mettre au point leurs instruments.

Et aujourd’hui, sur le plan musical, ceux que vous préférez sont lesquels ?

Eh bien, j’ai quand même un grand faible pour Daniel Colin qui est beaucoup moins connu qu’Azzola. Mais Azzola, c’est un dieu dans l’accordéon. J’ai un très grand faible pour Daniel Colin qui n’est, malheureusement, pas assez connu du public. Daniel est un accordéoniste vraiment prestigieux, mais d’une très grande discrétion. On dirait, vulgairement, qu’il ne sait pas vendre son savoir-faire, malheureusement.

Et pour vous, quel est l’avenir de l’accordéon ?

Eh bien l’avenir de l’accordéon, il faut vous dire que j’y travaille depuis, justement huit ans, depuis que nous avons développé le système MIDI. Il faut penser qu’à cette époque l’accordéon était à son plus bas niveau. Quand j’ai proposé de monter le système MIDI sur les accordéons, de nombreux fabricants m’ont pris pour un débile. Ils disaient que ça ne pourrait jamais marcher et qu’il était complètement utopique de vouloir faire jouer du synthétiseur aux accordéonistes. Alors, maintenant, je vous mets au défi de trouver une marque d’accordéons qui ne propose pas à sa clientèle un système MIDI. Parce que cette marque-là serait condamnée, tout simplement, à fermer ses portes.
L’accordéon est en train de se développer autour de ce système MIDI. J’en veux pour preuve les nombreuses copies de notre système qui existent sur le marché et qui ont leurs possibilités. Heureusement, comme nous étions les premiers, nous sommes, je pense, actuellement, les plus en avant sur le système MIDI-accordéon. Et nous avons, maintenant, avec le nouveau système que nous avons développé, une très large avance sur notre concurrence. Mais, il est très difficile de lutter. Parce que nous sommes de petits artisans. Nous avons des idées que nous mettons en pratique. Ça nous coûte très cher de développer toujours de nouveaux systèmes pour être en avance. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, dans le milieu de l’accordéon, nous n’avons pas les moyens d’investir actuellement des sommes importantes pour protéger nos brevets.

Et mon accordéon, maintenant ?

Oui, encore la plaque à changer. On fixe les plaques avec des pointes, comme ça. Il y en a trois ou quatre, ça dépend de la grandeur des plaques. Dans la construction traditionnelle, par exemple, italienne, les plaques sont collées à la cire d’abeille sur les sommiers. Alors, quand on fait de la réparation, on hésite toujours à sortir la plaquette parce que ça nous oblige à brancher toute l’installation de chauffage de cire. Ensuite, il faut couler la cire, délicatement, entre les plaquettes pour refaire l’étanchéité et les tenir sur les sommiers.

Mon Crosio est aussi monté avec de la cire ?

Non, parce que c’est un accordéon professionnel. Les accordéons professionnels sont pratiquement tous montés avec des pointes.
Mais il existe encore certaines marques de renom qui utilisent la cire et souvent, très souvent sur les accordéons piano et sur les instruments de bas de gamme. Mais les grands fabricants français Crosio, Cavagnolo, Maugein, clouent leurs plaquettes.
Vous constatez, ici, dans l’extrémité du sommier, vous avez les trois plus petites lames qui sont montées sur laiton. C’est pour obtenir un meilleur “ sustain ”, une meilleure résonance de la lame. On monte les lames sur du laiton, parce que la densité du laiton est plus haute que celle de l’aluminium. Donc, on obtient une meilleure vibration.
Là, y a une progression aussi, cette plaquette, sur ce modèle-là, est davantage inclinée que les autres plaquettes. C’est pour obtenir une meilleure attaque d’air sur ces petites plaquettes qu’on a de la peine, justement, à faire vibrer. Elles ont besoin d’air, mais il ne faut pas que l’air arrive brutalement dessus. Alors là, l’air va glisser sur la lame avant d’attaquer la pointe de la lame. Ca la mettra donc en vibration dès que l’air va la solliciter. Il est clair que là, il faut contrôler l’ouverture de la lame, parce que l’ouverture de la lame est très, très importante, sur des petites plaquettes comme ça. Autrement, on a le phénomène que je vous faisais écouter tout à l’heure, quand l’accordéon était fermé, c’est ce phénomène de souffle.
Ce souffle, tant qu’on ne joue pas dans un micro et qu’on joue avec une puissance moyenne, on ne le remarque pas. Mais dès qu’on fait un piano, il se remarque énormément, au point d’être gênant. Sur la table d’accordage, le son doit partir à la moindre sollicitation d’air.
Celle-ci, elle est étouffée. Alors je vais la sortir. C’est sur le côté vibrant du sommier. Il peut y avoir plusieurs raisons si le son ne part pas ou s’il est étouffé. Pour les premières plaquettes, celles qui ont les peaux, ça peut être la peau qui “ fait un ventre ” et ne s’applique pas bien. Ou alors la peau peut avoir pris trop de colle et celle-ci empêche la peau de se relever. Voilà, le résultat est là, voyez. C’est une peau qui a durci. Je vais en tailler une nouvelle. Il faut une peau très mince.

Vous les faites sur mesure…

Oui, il faut les faire. Il n’y a pas de peaux standard.
Quand on nous regarde travailler, ça paraît tout simple, ça paraît évident. Mais il faut des années d’expérience pour arriver à faire un travail rapide et précis. Et puis, c’est un travail qu’il faut aimer faire. Si on ne le fait que dans un but lucratif, je dois dire qu’on n’a pas beaucoup de résultat parce que ce n’est pas très rentable. C’est aussi peut-être pour ça que peu de gens le font, veulent s’y attaquer. Ca fait partie des métiers dans lesquels il faut de la passion et de la patience.
Il nous arrive aussi d’expédier du matériel dans des pays complètement abracadabrants, au Cap Vert, des trucs comme ça. Nous avons expédié des instruments dans des pays très éloignés, pratiquement sur tous les continents. Alors vous pensez si nous avons l’habitude de faire des papiers d’exportation, des formules de douane et si nous connaissons beaucoup de transporteurs, transitaires. Ca facilite la vie de gens qui n’ont pas la possibilité d’avoir ce matériel, ces instruments dans leurs pays.
Voilà, maintenant, je vais fermer votre instrument et vous allez pouvoir l’essayer…

… Merci beaucoup…

… et me dire s’il y a encore quelque chose à contrôler.
Alors l’accordage, sur ces instruments, est fait au goût du client. C’est-à-dire qu’on peut avoir un accordage très ouvert, avec beaucoup de vibrations. C’est l’accordéon traditionnel dit accordage italien.
On peut avoir aussi un accordage beaucoup plus serré, style musette, américain ou bien alors, carrément, l’accordage swing. Pour ma part, je fais régler l’accordage des instruments que je vends entre swing et américain. Ainsi on part dans les graves avec une vibration minimum pour avoir un son pur. Et puis on va progressivement, dans les aiguës, vers un musette américain qui est légèrement plus vibrant, ce qui donne plus de brillance.
Ce réglage crée un équilibre sur l’accordéon et c’est un accordage que je parviens à faire directement en fabrique. Mais il m’a fallu lutter plusieurs années pour imposer mon accordage et je vois, dans ma clientèle, qu’il est de plus en plus demandé. Ce n’est plus moi qui l’impose. Au départ, j’ai dû l’imposer à certains accordéonistes qui n’osaient pas l’utiliser et je m’aperçois maintenant qu’il est apprécié de plus en plus. Il permet de jouer plusieurs styles d’accordéon. On n’est plus limité à faire uniquement des choses très swing parce qu’on a un accordage swing ou du musette parce que l’accordage est musette. Le musicien peut avoir un répertoire plus grand parce que son accordéon lui offre plus de possibilités.
Si je préconise cet accordage c’est parce que très souvent nos accordéons et nos instruments sont appelés à jouer en MIDI, avec un son électronique, très droit, très plat. Ces sons électroniques ne s’accordent pas avec le timbre musette. Leur mélange est désagréable à l’oreille.
J’aimerais aussi dire que, avec cet d’accordage, celui qui me fait le plus plaisir c’est René Dessibourg. Il fait partie de notre entourage. Il fait partie de la famille, si on veut. Il a été un des premiers adeptes de mon accordage. Même s’il ne joue pas sur ma marque. Et je dois dire que j’ai beaucoup de plaisir à l’entendre jouer. Il l’apprécie et il sait l’exploiter, cet accordage. Et René est aussi notre meilleur ambassadeur accordéoniste à l’étranger. Je suis allé de nombreuses fois à l’étranger avec lui. Il y est énormément apprécié, beaucoup plus que les Suisses ne se l’imaginent. Malheureusement, il n’est pas assez connu en Suisse...

Eh bien, merci beaucoup, Pierre Madelaine, facteur d’accordéons à Payerne. Je suis sûr que nos auditeurs auront eu beaucoup de plaisir et d’intérêt à vous écouter. A une prochaine, au revoir.

Merci beaucoup à vous et au revoir.


Pierre Madeleine, malheureusement, a été victime d’une attaque cérébrale il y a une dizaine d’années.
Aujourd’hui, il est dans une chaise roulante et n’a plus toute sa tête.
Toutes ses inventions, toutes ses idées se sont envolées !
Et il n’avait fait pratiquement aucun plan…

Voilà !

Charlan
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jc-erard
Membre actif


Inscrit le: 17 Jan 2005
Messages: 3136
Localisation: GENEVE

MessagePosté le: Mar Déc 20, 2011 6:39 am    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Charlan,

Quel texte ...quel interview....un des plus longs mais aussi un des plus beaux et instructif.
Pour un peu on se croirait a l'intérieur du dépliant, ou en vol stationnaire au-dessus du ventre d'un Maugein......

Merci Charlan, de nous faire partager ces merveilleux moments...
Salutaswing Very Happy
_________________
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olli1234
Membre actif


Inscrit le: 02 Aoû 2008
Messages: 1152
Localisation: Laval (53)

MessagePosté le: Mar Déc 20, 2011 9:34 am    Sujet du message: Répondre en citant

Hello Charlan,


On ne sait pas tout ce qui se passe quand on bricole sur les punaises.........Le facteur, il l'a dit, il ne bricole pas...

Super moment!


Amitiés

Olli
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